L’ascension de la Blockchain expliquée. Bitcoin : d’une monnaie digitale obscure à la technologie disruptive des 10 prochaines années.
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Un changement fondamental dans la perception et la compréhension du Bitcoin et de la Blockchain s’est produit ces dernières années. Nous sommes passés rapidement d’une technologie d’illuminés obscure à l’une des technologies majeures qui pourrait redistribuer les cartes dans beaucoup de domaines.
L’opinion générale s’est éduquée et a compris la valeur immense de ces technologies: Le Financial Times et The Economist ont publié en Novembre 2015 des dossiers clairs et précis sur ces sujets.
Les investisseurs et industries affectés en ont par ailleurs reconnu la valeur par leurs actions en 2015:
Alors que les investissements dans les startups en rapport avec le bitcoin ont dépassé le milliard de dollars, CBInsight nous propose un diagramme (ci-dessous) des investissements par les entreprises majeures en lien avec le secteur de la finance et des paiements.
Je vous propose de vous raconter l’histoire du Bitcoin et de la technologie Blockchain. Les principaux concepts vous y seront expliqués au rythme des évènements majeurs qui ont rythmé l’ascension de ces technologies.
Une technologie de mieux en mieux comprise.
Analysons ce qui a transformé le champs lexical employé pour parler de cette technologie: De (« Bitcoin, Monnaie digitale, Illégal, Blanchiment d’argent, Trafics illicites, Spéculation, Ponzi, Bulle, Risques, Hackers ») en 2012 à (« Blockchain, Registre Global, Smart contracts, Startups, Investissements, Opportunités, Suppression de tiers partis, Sécurité, Protection de la vie privée) aujourd’hui, il a beaucoup évolué.
Le centre d’attention s’est déplacé du Bitcoin en tant que monnaie digitale aux propriétés nouvelles (cryptocurrency) à la technologie Blockchain, la technologie qui régit le protocole Bitcoin et qui explique ses propriétés si intéressantes.
Il est aujourd’hui question d’utiliser la Blockchain en tant que technologie pour des applications dans des secteurs très variés: de l’Internet of Things (IOT, objets connectés) à la comptabilité en passant par le crowdfunding, l’authentification d’oeuvres d’art, ou les contrats entre personnes.
31 Octobre 2008 – 2 Décembre 2013 –
D’un concept expliqué en 8 pages à une monnaie au prix unitaire de $1150.
Première traction incontrôlée : Eveil des intérêts et Spéculations.
Le 31 Octobre 2008, Satoshi Nakamoto publie le document fondateur du bitcoin : le whitepaper Bitcoin a peer-to-peer Electronic Cash system. Il y explique comment cette nouvelle monnaie digitale fonctionne.
Première introduction à la Blockchain.
La technologie derrière le bitcoin, expliquée dans le white paper, lie le Peer-to-Peer (Les utilisateurs interagissent directement entre eux, sans troisième parti) et de la cryptographie asymétrique (Chaque utilisateur signe les transactions qu’il effectue). C’est l’essence de la technologie Blockchain : permettre à n’importe qui de signer un message (ici : « Moi, Bob, je veux envoyer 10 bitcoins à Alice »). Ce message se répand en P2P à tous les membres de la communauté qui vérifient si ce message est valide (Bob a bien 10 bitcoins à envoyer, et ne les pas envoyés simultanément à deux personnes différentes). Un consensus s’établit : tout le monde est d’accord que c’est bien Bob qui a envoyé ce message, qu’il a bien au moins 10 Bitcoins et qu’il n’a pas envoyé plusieurs fois cette demande de transaction. A ce moment là, la transaction est effectué et est stockée dans un registre publique : la blockchain qui réunit toutes les transaction depuis la première.
Remarque: C’est ce registre, au centre des toutes les applications qui utilisent le P2P + la cryptographie, qui a donné son nom à la technologie. La blockchain fait donc référence à la fois au registre des transaction ET à la technologie qui permet à une communauté P2P d’effectuer des transactions. Par exemple : le Bitcoin (protocole) est une application de la technologie Blockchain et possède une blockchain qui stocke toutes les transactions de bitcoins (la monnaie).
La spécificité du Bitcoin est que les propriétés qui régissent le consensus le garantisse honnête (Il est primordial de s’assurer que le consensus soit honnête et ne s’accorde que sur des transactions valides). De plus la gestion de ce consensus a été conçue de telle manière qu’il y a une guerre à l’honnêteté : Les personnes les plus honnêtes et les plus impliquées dans la vérification des transactions sont récompensées en bitcoin. C’est la notion de minage : les « mineurs » effectuent un effort (preuve de travail, Proof of work) pour assurer la sécurité du consensus et sont récompensés en bitcoin. Des précisions seront apportées dans cet article.
Enfin, Satoshi Nakamoto s’est assuré que le bitcoin possède toutes les bonnes propriétés d’une monnaie qui puisse être adoptée : elle est sécurisée et prend de la valeur au cours de son adoption, récompensant ses premiers utilisateurs. Il n’y aura que 21 Millions de bitcoins créés et il est plus facile pour les premiers utilisateurs d’en obtenir.
Finalement, deux choses très intéressantes peuvent être extraites de ce whitepaper :
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Une technologie, la Blockchain, entre P2P et cryptographie permettant à des personnes d’une communauté d’envoyer des messages signés, reconnus par tous et stockés sur un registre immuable.
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Une monnaie aux propriétés très intéressantes : Sécurisée, transparente, P2P (contrôlée par personne, ce qui supprime les tiers partis comme la banque et donc diminue drastiquement les coûts de transactions) mais aussi anonyme (tout le monde voit les transactions d’un compte à un autre, mais ne savent pas à qui appartient ce compte), autonome (personne ne peut contrôler ou arrêter cette monnaie, pas même leur créateur) et qui prend de la valeur au fil de son adoption car en nombre limité.
Les premiers utilisateurs et enthousiastes.
C’est principalement la monnaie et non la technologie qui a intéressé ses premiers utilisateurs. Le côté sécurisé, transparent et P2P est commun à toutes les applications de la technologie Blockchain, mais ce sont les propriétés d’anonymat, d’autonomie et spéculatives qui ont rendu le Bitcoin connu, adopté mais aussi décrié lors de ses premières années.
En effet, les premiers utilisateurs étaient principalement de trois types :
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Les « geeks » qui ont bien compris de A à Z le protocole, la Blockchain, les propriétés de la monnaie. Pour eux, même si la technologie est incroyable, la première réaction naturelle était « Wow, ça fonctionne vraiment, personne ne contrôle cette monnaie, les transactions sont très peu chères et très sécurisées. J’y crois à 100%, il faut que j’en obtienne car cela va prendre de la valeur ». La spéculation était en marche, et la manière la plus simple d’en obtenir était de miner (= sécuriser le consensus, vérifier les transactions, en faisant tourner un algorithme sur des ordinateurs de plus en plus puissants). Bien joué Satoshi : en concevant le bitcoin tel qu’il prend de la valeur au cours du temps, il a poussé les premiers utilisateurs à miner et donc à sécuriser le bitcoin.
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Les « libertariens » qui ont adoré le concept philosophique de suppression de troisième parti : L’échange de bitcoins s’effectue directement entre deux personnes, personne ne peux l’empêcher. Finalement, ce cont ceux dont l’intérêt est porté vers les propriétés de la technologie de la Blockchain et non la monnaie Bitcoin.
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Les « Utilisateurs de marchés noirs » qui ont surtout apprécié l’anonymat, l’efficacité et l’autonomie qui leur permet de faire des transactions peu couteuses à n’importe qui dans le monde de manière anonyme.
Alors que les « libertariens », enthousiastes de la technologie ont essayé d’améliorer le protocole, de créer un environnement pour rendre le bitcoin accessible à tout le monde et d’appliquer la blockchain dans d’autres secteurs, ce sont les deux autres catégories qui ont fait le plus parler d’elles et monopolisé la parole et l’attention : les spéculateurs et les marchands malhonnêtes.
Les deux premiers problèmes autour du Bitcoin qui ont monopolisé l’attention et empêché sa compréhension.
Le premier problème est que le bitcoin est devenu l’objet d’une bulle spéculative. De plus en plus de mineurs ont essayé d’amasser des bitcoins en espérant que sa valeur augmente, puis des spéculateurs qui ont tout simplement acheté des bitcoins selon le même espoir d’une manière très risquée, sans grande compréhension du bitcoin. Cela a mené à une explosion du prix de bitcoin : de $1 en Avril 2011, Le prix est passé à $1,150 en Décembre 2014.
Il est important de noter que cet effet spéculatif n’a rien à voir avec la technologie mais est directement liés aux propriétés de la monnaie que Nakamoto a créée.
De même les thématiques autour de l’illégalité, d’un moyen de blanchir l’argent et d’effectuer des transactions frauduleuses sont apparues.
De nombreux trafiquants ont utilisé cette monnaie pour effectuer des transactions illégales. Au moins, ceux ci ont utilisé le Bitcoin pour sa technologie originelle et originale : permettre d’effectuer des transactions avec n’importe qui de manière sécurisée et bon marché. Ils ont toutefois détourné le côté anonyme pour en faire un moyen d’échanges illégaux.
Notons que le bitcoin est bien moins efficace que le cash/liquide qui est non seulement anonyme mais aussi intraçable.La réponse à ces deux problèmes
La réponse au problème d’une bulle spéculative est très simple : attendre qu’elle explose, en espérant qu’une fois éclatée, les spéculateurs y réfléchissent à deux fois avant de réinvestir. Les spéculateurs non initiés à la technologie s’en iront et seuls les personnes qui ont vraiment compris la valeur du bitcoin au long terme resteront.
C’est ce qui c’est passé en fin 2013 :
Le cours du bitcoin, qui reflète l’adoption et la confiance qu’on lui confère possède le même schéma que l’adoption des technologies disruptives : D’abord une traction incontrôlée (bulle), puis un éclatement de cette bulle et une reconstruction durable et plus mature.
Le problème des trafics illégaux concerne par contre lui directement le Bitcoin en tant que technologie. Il se doit d’être réglé d’une manière conjointe entre les gouvernements et la communauté du bitcoin.
En effet, à la base du bitcoin se trouve la cryptographie et le P2P, et c’est là que l’anonymat est créé. N’importe qui peut créer un compte bitcoin, constitué d’une clé publique et d’une clé privée qui sont liées. (En choisissant un nombre au hasard entre 0 et 2^256, on peut en déduire une paire de clés).
Quelques notions sur la cryptographie.
La clé publique est envoyée à tout le réseau et sert à recevoir des transactions, c’est l’adresse de votre compte.
La clé privée, elle est connue uniquement par le détenteur du compte et permet de signer des transactions. Si elle est perdue, l’accès au compte est perdu à jamais. Si elle est révélée, n’importe qui peut accéder à votre compte. Si d’ailleurs vous avez entendu parler de danger de se faire hacker son compte, le seul moyen est que quelqu’un vous vole votre clé privée et les grandes histoires de vols de bitcoins n’ont eu lieu uniquement car certaines personnes ont délégué la gestion de leurs clés à des acteurs malhonnêtes qui sont partis avec les bitcoins ou à des acteurs qui se sont fait eux mêmes hacker. Aujourd’hui les acteurs qui peuvent s’occuper pour vous de stocker les clés privées sont bien plus matures et il y a très peu de risque même si le meilleur moyen de sécuriser votre clé privée est de la stocker vous même dans un endroit physique ou digital sûr.Revenons aux trafics illégaux. Etant donné que n’importe qui peut se créer un compte, des normes sont apparus lorsque l’on veut acquérir des bitcoins. Par exemple, si vous voulez acheter des bitcoins avec vos euros, le plus facile est de passer par coinbase, une place de marché qui est régulée et votre identité sera demandée. Cela ne résout que partiellement le problème, car il est toujours possible que deux personnes s’entendent entre eux sur un échange de bitcoin (Exemple: Un rencontre physique entre un acheteur et un vendeur, où les euros sont donnés en main propres et le bitcoins sont envoyés simultanément).
Rappelons-nous que le cash est bien plus anonyme, et que si ces histoires de trafics ont pris de la place médiatiques, c’est surtout car cette monnaie était mal connue, mystérieuse et donc faisait peur. C’est de moins en moins le cas.
De plus, il est très facile de créer une monnaie avec la même technologie, mais dont les clés seraient gérées par un Etat, et dont l’obtention requerraient une authentification personnelle, tout en rendant la blockchain (le registre de toutes les transactions) privée, cryptée pour assurer la protection de la vie privée. Remarquez que pour proposer cette idée, il faut avoir compris les basiques de la technologie blockchain, et la flexibilité de celle-ci. Il faut être connaisseur et comprendre sa valeur.
Certains pays réfléchissent actuellement à créer une monnaie digitale proche du bitcoin.Depuis 2013, les connaisseurs sont devenus de plus en plus nombreux et ce sont eux qui se posent ce type de question : « Comment empêcher les transactions frauduleuses ? Comment assurer la vie privée des utilisateurs tout en évitant des utilisations illégales ? Pourrait-on généraliser ça et signer des contrats entre personnes plutôt que de simplement signer des transactions monétaires ? Peut-on gérer des transactions non monétaires avec la même technologie (propriété, droit d’auteurs, messages, contracts notarials etc…) ?
2014 à Aujourd’hui – D’une bulle éclatée à un renouveau.
Après que la bulle ait éclatée, les spéculateurs s’en sont allés. La confiance générale accordée au bitcoin a beaucoup diminué (et tant mieux!) ce qui a permis aux vrais enthousiastes et experts de reprendre la parole. De plus, les early adopters de type « geeks », qui avaient compris la valeur du bitcoin et avait utilisé cette compréhension pour spéculer (au moins, c’était d’une manière éclairée) savent que s’ils veulent que le bitcoin regagne de la confiance, ce sera non plus grâce à une spéculation mais grâce à la démonstration des vraies capacités intéressantes du bitcoin et de la Blockchain.
Grâce à la bulle, le bitcoin a connue une mauvaise mais large publicité et ceux qui s’y sont intéressés profondément dont je fais parti ont eu le temps de comprendre la technologie et de penser les nouveaux modèles qu’elle peut créer.
De plus certains des plus grands investisseurs de la planète en sont devenus les avocats et soutiennent les créateurs de ces nouveaux modèles. Marc Horrowitz, du célèbre fond A16z et Fred Wilson de Union Square Venture, influent VC à NYC en sont de bons représentants. Ici, une courte vidéo de l’un et un article sur l’autre.
C’est à ce moment là, lorsque les questions n’étaient plus, formulées par des ignorants, « Quand acheter? Quand vendre? Le bitcoin va-t-il prendre de la valeur? Quel futur pour le bitcoin? » mais sont devenus par des connaisseurs « Comment rendre le bitcoin plus accessible ? Comment améliorer ou généraliser sa plus grande valeur, la technologie qui le régit? Dans quels domaines pourraient-on appliquer cette technologie? » que le champs lexical s’est mis à changer petit à petit.
De plus, les acteurs du bitcoins sont devenus matures et sûrs (aujourd’hui, il est facile d’acheter du bitcoin et de l’utiliser d’une manière très sûre). Beaucoup d’expériences ont été menés autour d’altcoins, des dérivés du protocole bitcoin améliorant certaines propriétés. Les passionnés qui adoraient la philosophie de la Blockchain ont eu le temps de développer leurs applications et les résultats commencent à arriver.
La dernière partie de cette article va essayer de vous expliquer la richesse de la blockchain et les premières applications qui l’utilisent aujourd’hui. Je parlerai plus des applications de la Blockchain à proprement parlé plutôt que des dérivés du Bitcoin (Les altcoins).
Etat des lieux en 2015 : La Blockchain enfin reconnue et exploitée.
Expliquons de nouveau le bitcoin, mais cette fois en tant qu’application de la technologie Blockchain.
La blockchain est un registre qui peut être privé ou public et retient toutes les transactions qu’une communauté a effectuées.
La communauté peut être ouverte à tout le monde, ou réservée à certaines personnes/acteurs/objets.
Chaque membre de la communauté possède une paire de clés : l’une publique, son adresse, et l’autre privée, qui permet de signer les transactions.
Les membres de la communauté peuvent effectuer entre eux des transactions qui seront stockées sur la Blockchain.
Ces transactions sont en fait des messages signés dont l’identité de l’émetteur est garantie.
La vérification de ces transactions n’est pas effectuée par un troisième partie, mais par la communauté entière à partir d’un consensus.Chaque blockchain est définie par sa communauté, le type de transactions qu’elle permet, la méthode qu’elle choisie pour assurer que le consensus est honnête, et son caractère privé ou publique.
Prenons l’exemple du Bitcoin :
- Sa communauté est publique : n’importe qui peut en faire partie en choisissant une paire de clés.
- La transaction qu’elle permet est un transfer d’argent (le message signé qu’elle sait interpréter est « X veut donner y bitcoins à Z »)
- Sa blockchain, le registre de ses transactions est publique : chacun peut accéder à l’historique des transactions.
- La méthode pour garantir un consensus honnête est le minage (Petite introduction au minage en annexe)
Dropbox sur la blockchain
Prenons un autre exemple : un dropbox organisé sur une blockchain dédiée et conçue pour cela (Storj) :
- Sa communauté est publique : n’importe qui peut en faire partie en choisissant une paire de clés.
- La transaction qu’elle permet est une gestion d’un stockage de fichiers et des droits d’accès (le message signé qu’elle sait interpréter est « X veut stocker le fichier Maphoto.jpg sur le réseau et en donner accès à B,C et Z » + « Je paie z « Bitcoinstorj » par Giga stocké). (X envoit Maphoto.jpg sur le réseau comme sur bittorrent. Le fichier est crypté et décryptable uniquement par les clés privés de X, B, C et Z)
- Sa blockchain, le registre de ces transactions est publique mais crypté : chacun peut accéder à l’historique des transactions, les noms de fichiers sont cryptés.
- La méthode de garanti d’un consensus honnête est différent : Dans le bitcoin, les membres donnent de la force de calcul pour vérifier les transactions, ici les membres donnent de l’espace de disque dur pour stocker les fichiers. Plus tu stockes de fichier, plus tu es récompensé en « bitcoinstorj », plus tu as de droit de valider les transactions. Si tu triches, les « bitcoinstorj » accumulés en prêtant ton disque dur ne valent plus rien.
Remarquez que personne ne contrôle Storj. A la différence de dropbox, il n’y a plus de tiers parti, il n’y a pas besoin de faire confiance au fait que dropbox gère correctement vos attributions de droits, et qu’il stock vos fichiers de manière sûre, qu’il ne les vend ou détruit pas sans votre consentement. De plus, StorJ est décentralisé, vos fichiers sont sur le réseau (mais sécurisés) et il est impossible de fermer le service à la différence de dropbox.
DAO – Decentralized Autonomous Organizations.
La blockchain peut aussi être utilisée pour diriger des Organisations autonomes (= dont les règles sont fixées dès le début sur la blockchain, et qui sont appliquées automatiquement sans troisième parti). Prenons l’exemple d’une démocratie dont les membres votent chaque loi directement.
- Sa communauté est privée : seuls les membres de l’organisation sont invités et obtiennent une paire de clés privés
- La transaction qu’elle permet est un vote signée.
- Sa blockchain, le registre de ces transactions est publique au sein des membres : chacun peut accéder à l’historique des votes, les identités peuvent être cryptées.
- La méthode de garanti d’un consensus honnête est un accord « proportionnel ». Le minage est superflu : Si de toute manière 51% de personnes sont malhonnêtes, ne veulent pas respecter la démocratie, alors démocratiquement, la démocratie ne fait plus de sens.
Les registres de Droits d’auteurs
- Sa communauté est publique : Chacun peut la joindre
- La transaction qu’elle permet est une déclaration de production d’une oeuvre d’art signée et la vente de celle-ci. (« Moi, Bob, a publié cet article, ce jour » ou « Moi, je revends mes droits d’auteurs de cet article à X »)
- Sa blockchain, le registre des productions et ventes est publique au sein des membres : chacun peut accéder à l’historique des ventes.
- La méthode de garanti d’un consensus honnête peut être la validation par un tier parti (Etat, ONU) ou par une Proof of stake (Preuve d’intérêt/intéressement, plus les personnes ont d’oeuvres d’arts et donc de choses à perdre, plus elles ont de poids dans la validation d’une transaction).
(voir aussi Onename : Blockchain pour enregistrer son identité sur la blockchain et authentifier les comptes sociaux associés)
Dossiers médicaux.
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Deux communautés une publique : les patients, une privée : Seuls les hôpitaux et médecins peuvent la joindre
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Les transactions qu’elle permet est une gestion de dossier automatisée. Ex : « Je suis M. Franq et mon médecin traitant est M.Charles » (signé par M.Franq)
« Je suis le M.Charles, médecin traitant de M. Franq et je rajoute à son dossier que je viens de le vacciner contre le tétanos » (signé par M.Charles)
ou « Je suis l’hopital d’Honolulu, je demande en urgence l’accès au dossier de M.Franq, les cas est une urgence de niveau 4 » (signé par l’hopital et/ou M.Francq). A ce moment là, la partie du dossier correspondant à niveau d’urgence n° 4 de M.Franq est envoyé à l’hôpital. -
Sa blockchain, le registre des dossiers médicaux et des règles qui définissent les droits d’accès des hôpitaux et médecins est privé.
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La méthode de garanti d’un consensus honnête est assuré par un troisième parti ou un réseau d’hôpitaux de confiance.
Ethereum
Parlons maintenant d’Ethereum, le projet qui selon beaucoup a le plus d’avenir dans la blockchain et pourrait réinventer internet. Microsoft a d’ailleurs annoncé un partenariat pour qu’Azure, son cloud permette d’utiliser la blockchain Ethereum (article).
Ethereum est une blockchain dédiée à la rédaction et à la signature de contrats, quels qu’ils soient . Le projet Ethereum a créé des langages de programmation qui permettent de coder n’importe quelle idée de contrat. Celui ci est stocké sur la blockchain et une fois signé par les différents signataires s’exécutera quoi qu’il arrive. La seule limite à la rédaction des contrats est que les conditions qu’il implique soit mesurables digitalement.
Par exemple au lieu de « Moi Bob, je veux donner 10 bitcoins à Alice », il est possible de signer le contrat suivant « Moi bob, je donne 10 Ether (le monnaie d’Ethereum) à Alice si demain à 9h, la température donnée par météo France à Paris est supérieur à 15°C »
Il est possible de coder ce contrat aussi simplement que « Si le jour prochain, la température donnée par l’API de Meteo France à H h est supérieure à ** s**°C, alors X envoie z Ether à Z sinon X n’envoie rien » et de le stocker sur la blockchain avec un numéro de contrat. Bob a ensuite a envoyer au numéro de contrat correspondant : {X= Bob, H=9h, s=15 z= 10, Z= Alice}, il le signe. Cette transaction sera minée (verifier que c’est bien Bob qui a signé, et qu’il a bien au moins 10 Ether) et donc rajoutée à la blockchain. Quoi qu’il arrive à 9h, demain, sera vérifié par l’ensemble de la communauté Ethereum la condition et si il fait en effet plus de 15°C les 10 Ether seront envoyés à Alice.
- Sa communauté est publique : n’importe qui peut en faire partie en choisissant une paire de clés.
- Les transaction qu’elle permet est la rédaction et le stockage de un smart contracts ainsi que la signature et l’exécution de ces contracts par les membres de la communauté.
- Sa blockchain, le registre de ces transactions est publique : chacun peut accéder à l’historique des contrats.
- La méthode de garanti d’un consensus honnête est le minage (un peu différent cependant).
Une autre application intéressante : Imaginons un assureur de voiture A, Un assuré Paul. Aujourd’hui, A et Paul contractent ensemble et dans le contrat est écrit par exemple (« Si le carburateur se casse, Paul est remboursé de 200€ par A »). Lorsque le carburateur casse, Paul va voir un tiers parti qui atteste qu’en effet le carburateur est cassé, le rapport est envoyé à l’assurance, et celle-ci rembourse les 200€ (ou alors l’assurance n’est pas d’accord et il faut passer par un tribunal).
Maintenant imaginons l’objet connecté c qui est dans la voiture et qui vérifie si le carburateur est fonctionnel ou pas.
Sur Ethereum on peut imaginer le contrat suivant, signé par A, Paul et qui met en jeu c.
(Si c casse, alors A rembourse 200€ à Paul). Le jour où l’objet connecté c détecte que le carburateur ne fonctionne plus : Il envoie un message à la blockchain Ethereum, la condition est alors remplie, le transfer d’argent est automatique.
De plus la blockchain d’Ethereum a pour but d’être facilement accessible par n’importe quelle application, mobile ou web. Plus tard, votre livreur de pizza aura contracté avec vous lors de la commande et s’il arrive 20 minutes en retard, automatiquement vous serez remboursés. Vous pouvez considérer que la Blockchain d’Ethereum est un registre de contrats, et que l’objectif d’ethereum et que ces contrats soient accessibles par n’importe quelle application par une API.
Les applications qui utilisent les contrats de la blockchain d’Ethereum sont appelées Dapps pour Decentralized Applications.Je pense que les smarts contracts ont un grand avenir avec l’apparition de tous les objets connectés qui permettent de rendre digitaux des faits physiques. Les objets connectés seront les objets de mesure des conditions des contrats digitaux.
Pendant la semaine de 9 Novembre avait lieu la conférence Devcon1 qui réunissait les acteurs du projet Ethereum. (Revoir : ici)
De nombreuses Dapps ont été présentées dont slockit qui est un parfait exemple de l’utilisation d’un objet connecté (ici un cadenas) qui est directement lié à la blockchain. Trouvez la démo ici.
Le concept est d’affecter à un objet – prenons un vélo- un cadenas connecté à la blockchain. Le propriétaire du vélo veut louer ce vélo à n’importe qui en fixant deux valeurs : le montant du dépôt qu’un utilisateur doit déposer, et le coup de location.
Si Bob veut louer ce vélo, il effectue un dépôt de garanti (sur le contrat associé au cadenas). Après avoir fait cela, Bob est alors capable de déverrouiller le cadenas (qui, connecté à la blockchain, a pris l’information). Ensuite, dès que Bob déverrouille le cadenas pour utiliser la vélo, le contrat se met en route et il est automatiquement débité selon le prix de location fixé.En conclusion, la Blockchain permet de mettre en relation des personnes (ou des objets) qui ne se connaissent pas et de leur permettre de faire des transactions entre eux directement d’une manière « trustless » : Ils n’ont pas besoin de faire confiance à un tiers parti, mais uniquement à la technologie blockchain qui est transparente, auditable par n’importe qui mais immuable, que personne ne peut contrôler. On sait ce que la blockchain fait, en étant cependant convaincu que personne ne peut la contrôler et qu’elle ne peut être détruite.
J’espère que cet article vous aura permis de comprendre la différence entre la technologie Blockchain et le bitcoin, l’une de ses applications. J’espère aussi avoir éveillé en vous sinon de l’intérêt du moins de la curiosité vis à vis de ces technologies.
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H.
_<a name=“susu”></a>Annexe : Petit point sur le minage dans le protocole bitcoin: Proof of Work _
Pour tout comprendre sur le protocole Bitcoin je vous conseille fortement de lire cet article par Michael Nielson :
Chaque mineur qui veut vérifier une transaction -en fait un block de nombreuses transactions- pour l’ajouter à la blockchain doit avoir fourni une preuve de travail (= Avoir résolu une equation artificiellement très complexe par son ordinateur = Avoir une grande facture d’électricité). Lorsqu’il a fourni cette preuve de travail (= payé beaucoup d’électricité), il a le droit de proposer de valider un block : « Moi, j’ai résolu l’equation complexe, je suis de bonne volonté, je vous dit que ce block ne comporte que des transactions valides ». Tout les autres membres de la communauté regardent si il a bien résolu l’equation et si sa proposition tient debout, très facilement (cela ne demande pas de grande puissance de calcul), tout le monde vérifie que les transactions sont bien valides. Si tout le monde est d’accord : Le block est rajouté à la blockchain, celui qui a fourni la preuve de travail (résolu l’équation) est récompensée en bitcoin. Lorsque 6 blocks supplémentaires sont rajoutés par dessus ce bloc, on considère que le block est validé définitivement.
Pourquoi tout cela ? Regardons les possibilités pour qu’une transaction invalide soit ajoutée à la blockchain :
-Pour proposer la validation d’une transaction, il faut avoir résolu l’équation complexe. Or la probabilité d’être celui qui la résout est proportionnelle à sa force de calculation par rapport à la force de calculation de toute la communauté. Il faut donc avoir une force ENORME (Des hectares de cartes graphiques aujourd’hui). (Et ce 6 fois de suite)
-Pour que la proposition soit validée par tout le monde, il faut que 51% de la communauté soit « de mèche » pour « tricher ».Quand bien même, le parti malhonnête réussit à réunir une majorité à sa cause, tout le monde est bien au courant (la blockchain est publique) qu’il y a eu un problème, qu’une transaction invalide (création ou détournement de bitcoin) a été confirmée. La confiance dans le bitcoin disparaît directement, et les bitcoins n’ont plus aucune valeur financière. Finalement la parti malhonnête a volé des bitcoins qui n’ont plus de valeur, et a payé pour cela une énorme facture d’électricité et d’équipements informatiques pour cela.
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